MIDI LIBRE // Dimanche 24 février 2019

Réseaux sociaux. Propriété de Facebook, l’application qui monte permet de partager ses photos et vidéos avec ses abonnés via son smartphone ou sa tablette. Jusqu’à s’imposer comme un levier de communication pour les marques et les annonceurs publicitaires.

LE BILLET  : Un monde si parfait 

Ils sont beaux, toujours souriants, toujours stylés, posent dans des endroits magnifiques où les nua­ges s’invitent rarement. Bienvenue dans le monde si parfait d’lnsta­gram. Ce réseau social, basé sur la publication de photographies et vidéos instantanées, invitées à être retravaillées grâce à des filtres, donne à voir une réalité lisse, digne d’un film hollywoodien. Dans cet univers éloigné de la réalité, des person­nes de la région, en majorité de jeunes fem­mes, ont su se créer une place. Suivies par des milliers d’abonnés, celles que l’on appelle les influenceuses, par le pouvoir d’influence qu’elles opèrent sur une communauté, réussis­sent à en vivre, grâce aux contrats décrochés avec des marques. Mode, beauté, sport, cuisine, elles se mettent en scène dans des lieux de la région qui leur corres­pondent. Face à l’intérêt croissant des utilisateurs et la popularité, toujours plus importante de ce réseau social, les influen­ceurs ont encore de bel­les carrières devant eux. Pour ceux qui les suivent, reste à ne pas oublier de prendre du recul. La vraie vie n’est pas sur lnsta­gram.

JENNIFER FRANCO ET LAURIE ZÉNON

lnstagrammeurs ou stars du web, ils surfent sur les thématiques les plus porteuses

« Apporter du positif», Le Petit monde de Julie

À bientôt 32 ans, Julie Rives se consacre à son activité de blogueuse depuis onze ans . Sur Le Petit monde de Julie, elle poste photos et articles de beauté, de mode, de cuisine et déco­ration. Aujourd’hui, son compte lnstagram du même nom a pris le pas sur le blog « Je n’aurais jamais pensé que je pourrais en vivre. »  Pourtant, grâce aux collabo­rations avec les marques, 5 à 10 par mois en moyenne, la Lattoise (Hérault), qui s’est créé un statut d’auto-entre­preneur, se fait rémunérer. « Entre 1 000 et 2 000 € pour un article sur le blog parta­gé sur lnstagram et Face­book et environ 500 € pour une photo postée sur lnsta­gram (62 900 abomnés) » . Désormais, les agences de communication spécialisées dans l’influence viennent la démarcher pour lui proposer du travail : « Je choisis uni­quement des produits que je pourrais acheter, qui me correspondent», précise-t­elle. Ce que la jeune femme préfère, comme à ses débuts, est de « proposer de jolies photos, plutôt que de vendre des produits. Mon but est de faire passer un bon moment aux gens, de leur donner des idées, d’apporter du positif et d’échanger. Je me lève tous les jours pour faire un métier que j’aime. J’en pro­file car je sais très bien qu’à tout moment, tout peut s’arrêter. »

« Mettre le Sud en avant », Dimitri Teissier

Dimitri Teissier, origi­naire de Saint-Hilaire-de-­Brethmas, près d’Alès, ne s’est pas levé un matin en se disant : « Je vais devenir influenceur sur Insta­gram. » Passionné de pho­tographie, qu’il a toujours pris plaisir à travailler et de voyager, son statut d’influenceur s’est naturel­lement construit, jusqu’à devenir son métier. Gestion­naire de paie, comptable, le Gardois de 27 ans conserve au départ un emploi classi­que à côté de son activité sur le réseau social.
En décembre 2017, il le quitte et décide de se lan­cer à 100 % dans l’aventure lnstagram. « C’est fou, car c’est un nouveau métier. À Paris, les influenceurs sont nombreux, mais dans le Sud, ce métier n’est pas encore reconnu. » De sim­ples dotations produits, Dimitri_tsr (son pseudo) réalise qu’il existe un mar­ché sur Instagram et qu’il peut être rémunéré par les marques, pour une campa­gne. Inscrit sur les listings de plusieurs agences pari­siennes, l’influenceur aux 102 000 abonnés participe à des shootings photos, est invité à des voyages de presse, décroche des con­trats pour Jules, Sarenza, Starbucks. « Mon métier, c’est de la publicité. Mon optique pour 2019 est de mettre en avant notre région, de vendre le Sud. »

« Des conseils en tout genre », Push Your Pink

Juliette, 27 ans, est comme sa cousine Léa (Jenesuispasjolie), YouTubeuse beauté à plein temps. « Cela fait quatre ans que je suis sur les réseaux sociaux et que j’en vis», explique la jeune femme qui a quitté la région parisienne pour s’installer à Montpellier. « J’ai rejoint ma cousine et on a décidé de me lancer. Cela a très bien marché. » Reconnue sous le pseudo Push Your Pink (446 000 abonnés), l’influenceuse, consciente que tout peut s’arrêter du jour au lendemain, vit l’instant présent à fond.
« J’aime bien la proximité, cela est facile de communiquer quotidiennement avec les stories, poster des photos, partager plein de choses et discuter avec mes abonnés assez facilement »  Son job, c’est de « donner des conseils. Je partage ma vie, mon quotidien, mes astuces pour des adolescentes. Je me considère un peu comme la grande sœur de la communauté géante. Je parle de tout de voyage, de cuisine, comment se remettre d’un chagrin d’amour … » Dernièrement, elle a décidé d’ajouter une nouvelle corde à son arc en créant son agence d’événementiel dans le Sud.

Anne Dubndidu

Elle a été classée parmi les 20 coureurs du monde à suivre sur lnstagram par L’équipe, il y a 2 ans. La Montpelliéraine Anne Dubndidu, son pseudo sur son blog du même nom et lnstagram, partage sa passion et ses conseils pour la course à pied principalement mais aussi le fitness, le trail, le vélo et le yoga. « J’ai créé mon blog en 2009. A ce moment-là, on ne gagnait pas du tout sa vie sur internet. Plus tard, j’ai vu qu’il était possible de créer mon entreprise derrière (une SAS), de  développer des partenariats et d’en vivre à 100 %. Depuis trois ans environ, lnstagram est devenu ma source principale de revenus ». Avant de se lancer, Anne, 27 ans, était chef de projets dans une agence de pub. Quand elle a commencé à avoir des opportunités, « les marques m’ont démarché », elle a tout de suite pensé que la meilleure chose à faire était d’essayer. En ce moment, la sportive travaille avec Asics, avec qui elle prépare le marathon de Tokyo. Ses projets? Aider sa communauté (117 000 abonnés), qu’elle rencontre le plus régulièrement possible, à atteindre des objectifs sportifs. Sa notoriété lui a aussi permis de publier trois livres aux éditions Larousse : « La magie du running », « Mon programme running en 8 semaines » et « Objectif running : au secours, qu’est-ce que je mange?' »

EN CHIFFRES: Les dates clés

2010: lnstagram est créé par I’ Américain Kevin Systrom et le Brésilien Michel Mike Krieger. Cinq ans après sa création, l’application comptait déjà 400 millions d’abonnés dans le monde. Comme son nom le suggère, lnstagram tient son succès de l’instantanéité des publications partagées par ses utilisateurs mais aussi des filtres mis à disposition afin de rendre n’importe quelle photo agréable à regarder.

2012: lnstagram se fait racheter par Facebook.

2013: les contenus ne sont plus statiques, la vidéo fait son entrée.

2014-2015: plusieurs formats font leur apparition. Hyperlapse qui permet de faire des vidéos sur une longue période en accéléré. Layout pour faire des montages. L’abandon du format carré propre à lnstagram. Boomerang qui met en scène les gifs d’avant en arrière pour créer des vidéos originales.

2015: ouverture de la publicité à tous les annonceurs.

2017: 1 demi-milliard d’utilisateurs par jour.

2017: apparition des Stories permettant d’échanger des clichés et des clips sur lesquels il est possible de dessiner ou d’ajouter des émoticônes. Et qui disparaissent au bout de 24h.

2018: lnstagram lance IGTV, une nouvelle plateforme dédiée aux vidéos verticales. Autre particularité, elles peuvent durer jusqu’à 1h.

« Le vrai enjeu, c’est la pub »

Décryptage. Le Biterrois Guilhem Gleizes est le fondateur-PDG de Cible Web, une agence digitale.
Dans un entretien au Monde, lnstagram assurait, fin 2016, déjà avoir franchi la barre des 600 millions d’utilisateurs actifs par mois. C’est environ deux fois plus que Snapchat et que Twitter, deux entreprises qui pèsent respectivement 25 et 10 milliards de dollars en Bourse. L’application a depuis aussi fait un bond dans son pro­cessus de monétisation : plus d’un million d’annonceurs y affichent des publicités chaque mois.
Le marché du marketing d’influence est donc bel et bien en plein essor. C’est même désormais « l’un des canaux de communication les plus dynamiques», assure Guilhem Gleizes de Cible Web, une agence digitale créée en 2001 à Béziers.
lnstagram se positionne d’ailleurs en tête des platefor­mes de référence devant Youtube, d’après une étude publiée en janvier 2018. Un marché de niche qui, aujourd’hui, profite surtout aux marques. À savoir, « les marques qui ciblent les jeunes, l’hyperproximilé, les acteurs qui ont une commu­nication et un produit sur les­quels le visuel pourra être un axe fort », observe le fondateur et PDG de l’agence biterroise aujourd’hui spécialisée dans le webmarketing et la stratégie digitale.
« Mesure de la performance »
lnstragram s’est donc aujourd’hui positionné comme le réseau social leader pour les stratégies publicitaires des mar­ques. Aujourd’hui, 80 % des membres d’lnstagram suivent au moins une marque. Autre chiffre qui parle, dans le monde, plus de 25 millions de comptes entreprises sont actifs sur l’application. « Facebook reste un réseau social intéressant pour du commerce de proximité, de la restauration, de l’événemen­tiel. Avec Instagram, on se retrouve dans la spontanéité, l’univers du mobile … Ce sont les stories, l’utilisation du réseau social comme un canal de messagerie, la facilité d’uti­lisation et le visuel qui sédui­sent. » Mais pour le Biterrois, le « vrai enjeu, c’est la pub. Instagram est une partie intégrale de Facebook. Donc, taus les leviers publicitaires de Facebook se retrouvent par défaut sur lnstagram. Et ils ont déjà les annonceurs. » Et de repren­dre : « Cela change la donne car cela veut dire que l’on a une économie à deux niveaux. L’objectif est de pouvoir ren­dre ses médias accessibles aux plus petits avec la TPE qui pourrait faire sa campagne lnstagram ou Facebook à l’échelle locale. Surtout, un pen­dant a été emmené, à savoir la mesure de la performance. »
« Un réseau qui va s’installer »
Depuis un an, Guilhem Gleizes constate un impact Instagram dans la demande de formation.
« C’est un réseau qui va s ‘ins­taller. Un réseau sur lequel on arrive à trouver le bon rythme de publication. Le danger étant toutefois de s’essouffler. »
Digimind, présenté comme le leader des solutions de Social Media Monitoring, d’e-réputa­tion et de veille stratégique, rap­porte sur son site internet que « le réseau social Instagram vaudrait aujourd’hui plus de 100 milliards de dollars, soit 100 fois ce que Facebook a. payé pour son rachat en 2012! »

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Blogueuse de Montpellier, Je teste pour toi ! HAPPY BLOG ♥ avec des vrais morceaux d'humain dedans

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