J’avais une exigence pour cette nouvelle aventure… que ça soit dans un centre qui prend soin des animaux ou qui les soignent après les maltraitances subies pour les amadouer afin qu’une horde de touristes puissent monter sur leurs dos.
Ce fut donc cette requête que j’ai fait à mon hôtel à Chiang Mai. Ayant déjà fait un repérage sur les réseaux (toulouloulou)… je demande s’il y a des places pour celui dont j’ai lu le plus de bien , le premier qui a mis en place cette nouvelle façon d’appréhender les éléphants, un centre de refuge et de sauvetage pour les éléphants : le Elephant Nature Park. L’association, fondée en 1996, a pour but de venir en aide à tous les éléphants en difficulté. Mais malheureusement, on me répond qu’il faut réserver au moins 1 mois à l’avance pour participer aux soins et observer les éléphants dans un élément semi-sauvage… Je demande donc dans le même esprit avec la mention : « No Riding Elephant »
Dans les hôtels, tu as des prospectus et des centaines d’offres quasi-similaires… mais prends bien le soin de lire si ce sont bien des camps où tu ne participeras pas à l’esclavagisme des animaux.
Je sais de quoi je parle, car dans un de mes anciens voyages en Thaïlande, je suis allée voir les tigres, piège à touristes : Tiger Kingdom à Chiang Mai. Imagine ce que l’homme a dû faire subir à l’une des bêtes les plus sauvage au monde pour le rendre doux comme un agneau ? Drogue, enfermement, tabassage dès le plus jeune âge… et je ne sais pas tout. Oui j’ai participé à ça et je le regrette amèrement aujourd’hui. Mais comme j’y suis allée je peux te dire que c’est bien réel, je l’ai vu de mes propres yeux : des peluches géantes amorphes et camées se laissant grimper dessus tout en observant le bâton de son bourreau prêt à sévir au moindre faux pas. Tout ça pour se faire prendre en photo… honte à notre espèce!
Revenons à nos… éléphants !
CHANGEMENT DE DÉCOR POUR RETROUVER DUMBO
Les excursions se passent toujours de la même manière : un pick-up vient te chercher à ton hôtel pour t’emmener sur les lieux. Pour celui-ci, départ en fin de matinée pour passer une demi-journée avec des pachydermes.
Départ de Chiang Mai pour grimper dans les montagnes reculées de la région… ça tourne, ça monte, on change de décor et de températures, enfin un peu de fraîcheur… Avant d’arriver dans un lieu paradisiaque et bien différent de la ville. Les palmiers laissent place à des arbres plus feuillus, des chants d’oiseaux. Le pick-up se stoppe auprès de 3 autres voitures, voilà notre groupe de 15 personnes au Elephant Jungle Sanctuary Camp 6.
L’un des guides, Kobee, nous explique qu’ils ont commencé avec 3 éléphants et aujourd’hui ils en ont 93… une belle progression en seulement quelques années. Leur envie est de protéger l’espèce et de nous faire vivre la vie d’éléphant. Avec autant d’éléphants, ils ont créé plusieurs « camps ». Nous sommes sur le Camp 6 aujourd’hui. Des rizières, une rivière, des habitations en bois, des abris pour les animaux, des poules, des vaches, des chiens, des chats, des enfants… ici tout le monde cohabite pour le plus grand bonheur de tous apparemment. Il n’y a pas grande modification de l’environnement par l’homme et l’espace reste sauvage. Règne une atmosphère apaisante et sereine.
INITIATION A LA VIE D’ÉLÉPHANT
L’exploitation des éléphants
Employés comme bêtes de somme pendant des millénaires en Thaïlande, les éléphants tractaient les arbres abattus dans les forets de teck et transportaient les attelages royaux. Lorsque l’exploitation du bois a été interdite en 1989, des milliers d’éléphants se sont retrouvés au chômage et leurs mahouts (propriétaires) ont dû trouver de nouvelles manières de gagner leur vie avec leur animal. Certains parcs ressemblent à des prisons d’autres sont plus humains à Chiang Mai. Le guide nous remercie d’avoir choisi, tout comme lui, de préserver ces animaux sauvages et d’être venus découvrir leurs façons de vivre en milieu naturel.
Reconnaître les éléphants
Avant de commencer les présentations avec les éléphants, nous apprenons qu’il existe 2 sortes d’éléphants dans le monde: les éléphants d’Afrique (classé : vulnérable) et les éléphants d’Asie (classé : en danger).
5 choses les différencient :
- la taille : l’éléphant d’Afrique est plus grand 3,5 mètres de haut, 7 de long et entre 4,5 et 6 tonnes. L’éléphant d’Asie est plus petit, il atteint 2 mètres de haut, 6 mètres de long et pèse jusqu’à 5 tonnes.
- les oreilles de l’éléphant d’Afrique sont plus grandes que celles de son cousin asiatique, elles tombent sur les deux côtés de la tête et couvrent les épaules de l’animal. Leur forme est très caractéristique et rappelle la silhouette du continent africain.
- le sommet de la tête : l’éléphant d’Asie a deux bosses successives, là où celui d’Afrique n’en a qu’une seule
- le bas du dos : l’éléphant d’Asie a le dos rond, tandis que l’éléphant d’Afrique a le dos creusé.
- la trompe: l’éléphant d’Afrique a deux protubérances (2 narines) à l’extrémité de sa trompe là où celui d’Asie n’en a qu’une.
- les ongles des pâtes: L’éléphant d’Afrique a 4 ou 5 orteils sur les pattes de devant et 3 sur les pattes de derrière. L’éléphant d’Asie a 5 doigts sur l’avant et 4 sur les pattes de derrière.
- les défenses
Attention animal de 7 tonnes !
Après ce rapide tour d’horizon sur les éléphants, on nous met en garde sur comment les approcher, ce qu’il faut faire et ne pas faire… car la tribu de pachydermes est libre. Pas de chaines, pas de cordes, pas de bâtons, pas d’enclos… Ils vont où bon leur semble et quant ils le souhaitent. Bon évidement avec des bananes dans les poches ces gros gourmands vous suivront à coup sûr ! Surtout quand on sait qu’ils mangent près de 250kg de nourriture par jour.
BOBON ! Mon premier mot éléphant
Après avoir enfilé une tenue « traditionnelle » à poches à bananes, nous apprenons notre premier mot. Rien à voir avec le plat traditionnel vietnamien : « BOBON », c’est l’ordre que donne les mahouts ou cornacs (propriétaires), pour faire ouvrir la bouche des éléphants. Pour faire connaissance avec les plus gros animaux terrestres, on se dirige vers un préau afin de bouger autour d’eux, commencer à les caresser en leur donnant des bananes. Rien que marcher à côté d’eux est un moment magique!
On fait alors la connaissance d’un éléphanteau, Rihanna à 8 mois… une bébé éléphant fougueuse qui donne déjà des coups de tête a ses maîtres. Un caractère bien proche de celui de la chanteuse, non?
BAIN DE BOUE et Bataille d’eau
Voici le « moment sexy » de la journée : tous en maillot et hop dans la boue ! On ôte nos tenues bariolées pour se mettre pieds nus et en maillot afin d’accompagner les éléphants dans leur SPA.
Il faudra se dépêcher car « ce sont les éléphants qui choisissent quand et combien de temps». Le bain peut-être long ou très court à leur bon vouloir.
Les guides les attirent (très facilement) avec de la canne à sucre et des bananes dans une immense flaque de boue. C’est là qu’on va aller ?!!!! Tu imagines prendre ton bain avec 4 éléphants ? Et bien je l’ai fait. Je ne fais pas de masque à mon mec mais j’ai fait un soin à l’argile à un gros patapouf aux grandes oreilles. C’était magique de toucher sa peau, de sentir bouger l’animal, de le voir te regarder… très impressionnant pour une première fois. Après s’être tournés dans tous les sens dans la terre, les voici en chemin vers la rivière pour un rinçage et un bataille d’eau digne des plus grandes : 4 éléphants et 15 personnes.
Tout le monde semble émerveillé de ce moment. Comme des enfants, nous nous en donnons à cœur joie. Nous sourions, rions sans aucune appréhension.
CONCLUSION … et avec un peu de recul
Je dois avouer qu’au Eléphant Jungle Sanctuary, rien ne m’a paru « louche » ou « caché ». Pourtant, je suis restée sur mes gardes. Les éléphants sont vraiment en liberté à côté des maisons des habitants… ils avaient la même attitude que les chiens ou les chats : se balader, venir quémander à manger, se servir à boire au robinet, jouer entre eux… le tout dans une atmosphère très zen. A aucun moment je n’ai eu peur pour ma peau auprès de ces animaux domestiqués de 5 tonnes. Ici on ne demande rien à l’animal, on le suit dans sa vie quotidienne et on participe à son bien-être… si il le veut bien.
Je pense qu’il faut tout de même prendre du recul et faire attention aux centres où vous irez car finalement, nous ne sommes pas montés sur leur dos mais nous avons tout de même pu les approcher de très très près, jouer avec eux, les toucher, leur donner à manger assez facilement . Je me pose alors beaucoup de questions :
- Sont-ils dociles de nature ?
- L’homme peut-il élever un éléphant comme un chien avec quelques tonnes de plus ?
- Est-ce dans la nature de cet énorme animal sauvage d’écouter les ordres de l’homme ?
- Il n’y a pas eu besoin de le taper à coup de bâton pour lui faire comprendre les choses en amont ?
- Est ce que c’est le fait d’avoir été « tabassé » avant qui les rend plus dociles aujourd’hui ?
- …….
Finalement, devant la recrudescence des mises en garde, des coups de gueule contre l’exploitation des éléphants, est-ce-qu’on ne nous aurait pas endormi en nous disant simplement ce qu’on souhaitait entendre pour continuer à développer ce commerce : « nous prenons soin des éléphants, vous ne monterez pas dessus, vous ne contribuerez pas à leur exploitation, vous contribuerez à leur protection… blablbaaabllaaa…»
Attention aux bourreaux et aux machines à fric!
Moi je me pose toujours la question… mais je suis peut être trop suspicieuse après ma mauvaise expérience avec les tigres.
ELEPHANT JUNGLE SANCTUARY
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Toutes les photos de mon Trip avec les éléphants
et de mon voyage en Thailande édition 2018
🛫 du 08 au 24 Février 2018
THAILANDE Nord & Cote Ouest 🍲
#PintadeThailande
Et toi, tu en penses quoi ?
N’hésites pas à retrouver tous mes autres articles sur la Thaïlande ici… et d’autres à venir!
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2 Comments
Hello Caroline,
Article vraiment très très intéressant !
Cela doit être magique et irréel d’approcher de si près ces éléphants. Je crois également que tu as tout à fait raison d’être méfiante quant à l’exploitation animale. Comme tu le dis, on ne peut pas tout savoir sur ce qu’il peut se passer dans les centres avant la visite des touristes.
Parfois, il faut prendre un énorme recul et oublier tout ce qu’on a appris dans notre enfance (voir des animaux au cirque, au zoo, des poissons à l’aquarium, etc) et comprendre que le bien-être animal est plus important que notre envie de les voir, de les toucher (surtout les animaux sauvages). C’est difficile de brimer notre curiosité, mais en fin de compte, laisser les animaux vivre dans leur environnement naturel, c’est les préserver, et on peut très bien vivre comme ça.
Merci pour cet article, qui j’espère permettra à d’autres d’avoir cette prise de conscience 😉
Bises
Justine
Merci beaucoup Justine ! J’espère également que cela permettra aux prochains voyageurs de faire les « bons » choix… tout en gardant un œil bien ouvert 😉